Le flamenco est avant tout un art académique, issu d’une véritable culture, un art de transmission et de tradition, enraciné et cimenté par l’histoire des quatre peuples qui l’ont fait naître, à travers leurs souffrances, leur quête de liberté et leur immense créativité: chrétiens andalous, musulmans arabes et berbères, juifs séfarades, ainsi que diverses tribus gitanes venues de l’Inde. C’est pourquoi, même en terre andalouse, il revêt des apparences multiples et se présente sous des aspects et des styles différents. Il confirme, par cet éclectisme, sa richesse et son authenticité.
A partir de là, il faut le rendre perceptible, accessible au néophyte, en levant progressivement le voile hermétique, sous lequel se cachent pudiquement les premiers contreforts de la musique et du cante, indissociables de la danse, où se côtoient les conventions et les rythmes codifiés.
Un travail technique de base, s’avère indispensable, afin de préparer le corps: positionnement des pieds, flexion des genoux, placement du bassin et du buste, abaissement des épaules, alignement du cou, fixation des bras et soulèvement des coudes. Il faut prendre conscience de l’enracinement du bas du corps dans le sol, opposé à l’extension du tronc vers le ciel. Toutes ces notions permettent d’attaquer les premiers exercices ou barres de pied, avant de coordonner ces fonctions avec les premiers déplacements et ports de bras. La chorégraphie viendra plus tard, car avant d’apprendre des danses, il faut apprendre à danser. Ce travail de préparation permet, ainsi, aux plus démunis en synchronisation corporelle, d’intégrer les rudiments de cette danse, en douceur, pour accéder, par la suite à des exercices plus compliqués, qui permettront de découvrir l’aspect énergétique et l’interprétation intériorisée de l’art flamenco.
Apprendre le Flamenco en tant que culture, est une démarche qui nécessite un investissement personnel considérable, compte tenu de sa diversité et de l'entrelacement de ses lieux d'origine. Cela pourrait constituer le projet d'une vie, sans que pour autant il soit possible d'en percevoir tous les mystères et d'en capturer toutes les saveurs. Il demeure un produit de terroir, à la fois brut et sensuel, énigmatique et envoûtant, généreux et sincère. A travers ses accents violents, il retient le souffle de l'artiste et l'oblige à transcender sans cesse son énergie créatrice. Il aime les contrastes, les suspensions, les explosions, nourris de pureté et d'esthétisme. C'est un art magnifique, insolent et joyeux, sombre et pathétique. Par sa dimension profonde et humaine, il fait écho à toute la palette sensible de nos émotions et permet d'en dégager et d'en libérer les formes.
Anyl Floriane